Une culture se définit par ses gens, ses racines, ses traditions... et bien sûr, sa musique. Cette chronique vise à vous présenter de manière originale des musiciens et musiciennes de la francophonie manitobaine, les coups de cœur d'une musicienne elle-même, qui vous les fera découvrir ou redécouvrir d’un œil nouveau.
TABLE DES MATIÈRES
Bonjour! Je vous présente la nouvelle chronique que j’écrirai dans Le Nénuphar, et qui consiste à vous présenter de manière originale mes musiciens et musiciennes coups de cœur de la francophonie manitobaine, de manière à vous les faire découvrir ou redécouvrir d’un œil nouveau.
Carole Meneghel et Robert Len
Dans ce premier article, afin que nous puissions faire connaissance, je me présente et vous présente également les projets musicaux que je réalise avec mon conjoint Robert Len.
Née à Montréal d’une mère montréalaise et d’un père immigrant en provenance de la Vénétie, en Italie, je vis à Winnipeg depuis octobre 2018. Je suis titulaire d’un diplôme d’études supérieures en violon du Conservatoire de musique de Montréal, et ma carrière se distingue par sa polyvalence : j’ai travaillé à titre de soliste et au sein de multiples ensembles dans divers styles musicaux, en Amérique et en Europe, et j’ai aussi accompagné
des artistes connus. En cliquant sur la vignette de droite, vous me verrez dans un extrait vidéo de cinq minutes, jouer divers styles de musique : rock, classique, ancienne, pop et gipsy.
rebec
Aujourd’hui, je joue principalement des trois instruments suivants :
le violon, le violon électrique à six cordes et le rebec (un ancêtre du
violon créé au Moyen-Âge) dans divers projets, en compagnie de mon
conjoint, le multi-instrumentiste Robert Len.
Nous sommes aussi les associés de notre maison de production de disques, de trames sonores et de spectacles Apollonia. Si vous êtes curieux et souhaitez en savoir plus, allez sur apollonia.ca ou sur la page Facebook Apollonia maison de production.
Robert est natif de Saint-Jean-sur-Richelieu, au Québec. Il a commencé par jouer de la guitare durant son enfance, dans un groupe familial très actif. Il est titulaire d’une maîtrise en trompette de l’Université de Montréal, et travaille aujourd’hui comme multi-instrumentiste et compositeur, ayant appris à jouer de très nombreux autres instruments de musique qui le fascinent. Deux de ses instruments préférés sont le handpan et le duduk.
Il a une belle carrière et une belle discographie à son actif, ayant entre autres enregistré des albums en haute définition à titre de soliste, de compositeur et d’arrangeur avec le grand réalisateur André Perry. Si vous souhaitez en savoir plus sur André Perry, veuillez cliquer sur la photo d’André.
duduk
handpan
Certains Franco-Manitobains connaissent Robert parce qu’il est actuellement le président du conseil d’administration de l’Alliance chorale Manitoba. Cependant, Robert et moi sommes peu connus à titre de musiciens au Manitoba, parce qu’en raison de la pandémie, notre premier spectacle au CCFM a constamment dû être repoussé. Il devrait avoir lieu le 24 mai 2022. On a cependant pu nous voir ou nous entendre à Radio-Canada et sur Envol, ainsi que dans les quelques événements auxquels nous avons participé : petite prestation pendant un spectacle de Gérald Laroche au Planétarium, musique des balados sur Gabrielle Roy, musique de la pièce de théâtre Anne Frank, entre lumière et ténèbres, spectacle en ligne conçu sur mesure pour l’Accueil francophone, participation au spectacle célébrant les 75 ans de CKSB à la cathédrale de Saint-Boniface, etc.
En cliquant sur l’image ci-contre, vous verrez Robert en train de jouer sa composition Saint-Boniface au handpan, au Musée des droits de la personne, dans un récent projet magnifiquement réalisé par Denis Chamberland (Radio-Canada) :
Aujourd’hui, les albums de Robert Help!, Hope et Fragile ainsi que notre album iLenKa sont distribués dans divers pays sous l’étiquette 2xHD. Nous sommes en train de créer et d’enregistrer notre prochain album réalisé par André Perry, CrossRoad, qui unira mon violon électrique à de nombreux instruments de Robert sur des pièces de style rock progressif composées par lui.
Nous avons aussi la chance de participer à d’autres projets très excitants au Manitoba, dont voici quelques exemples :
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l’audacieux projet Cité 47 qui, sous la baguette du grand poète Seream, unit poésie, danse, musique et art visuel;
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la création de nouvelles œuvres planantes avec le grand artiste Gérald Laroche;
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des bandes sonores pour le théâtre ainsi que d'autres enregistrements réalisés par Robert, qui fait continuellement bourdonner notre maison de production Apollonia;
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la préparation du premier spectacle de notre ensemble iLenKa au CCFM.
En conclusion, il nous tarde de pouvoir partager la scène avec les artistes talentueux du Manitoba. Nous avons également très hâte que la situation sanitaire nous permette de recommencer à rencontrer et à découvrir les Manitobains dans toutes sortes de manifestations culturelles et conviviales.
Voilà! Je crois que vous nous connaissez un peu mieux! Le mois prochain, je vous présenterai le grand artiste Gérald Laroche sous un angle original. Si vous souhaitez me faire parvenir des informations sur des musiciens franco-manitobains que vous aimez particulièrement, je vous invite à m’écrire à cmeneghel@apollonia.ca.
Musicalement vôtre,
Carole Meneghel
Gérald Laroche
La musique est arrivée accidentellement dans la vie de Gérald Laroche. En effet, à l’âge de sept ans, il avait déjà choisi sa carrière : il deviendrait un artiste visuel… Mais il a toujours aimé la musique, et à 11 ans, ayant eu maintes fois l’occasion d’entendre et d’apprécier le jeu de nombreux guitaristes et violoneux adeptes des musiques country et bluegrass, dans son village, il a voulu apprendre la guitare. Par conséquent, après avoir durement économisé 16 dollars dans le but d’acheter cette fameuse guitare, il est allé en ville avec son père, mais a vite renoncé à cette idée en voyant les prix des guitares! Il s’est rabattu sur l’achat d’un harmonica, puisqu’il y en avait un tout rutilant qui trônait dans un magnifique écrin et qui entrait dans son budget! Il aimait l’idée que, cet instrument étant facilement transportable, il pourrait le trimballer près de la rivière et dans toutes ses aventures!
Les premières notes qu’il en a tirées l’ont tout de suite émerveillé; il avait l’impression d’entendre un orgue et même un orchestre complet! Il ne savait pas en jouer, mais expérimentait avec cet instrument qui le faisait carrément rêver; il commençait déjà à composer puisqu’il testait des sons et essayait de voir où ça pouvait le mener et, d’autre part, il développait sa technique en essayant de reproduire les chansons que ses parents chantaient ainsi que des airs de folklore, des rigaudons, des gigues et des pièces entendues à la radio.
Lorsqu’il a eu 12 ans, un ami lui a fait entendre un disque de l’harmoniciste Sonny Boy Williamson, un musicien de blues du Mississippi, et dès les premiers accords, il a senti une force le transporter dans un autre monde. C’est comme si deux immenses portes s’étaient ouvertes d’un coup pour lui montrer son avenir; il allait devenir un musicien de blues. Il s’est donc mis à lire les biographies des musiciens de blues célèbres et à apprendre par oreille les standards de blues qu’il entendait, essayant d’en reproduire les sons, les rythmes, les différentes interprétations ainsi que les émotions, les sentiments et la profondeur, et ce, dans le but de trouver sa propre signature, ce son et ce style qui le distinguent des autres harmonicistes. Au moyen de son harmonica, il essayait aussi déjà d’imiter d’autres instruments ainsi que des sons de la nature (chants d’oiseaux, hurlements de loups, etc.).
Alors que ses amis écoutaient du Led Zeppelin et d’autres artistes populaires auprès des jeunes, il préférait écouter les albums de vieux musiciens de blues et de jazz comme le trompettiste Miles Davis et le guitariste B.B. King. En résumé, ses deux écoles musicales furent les musiciens de son village, qui lui permettaient de faire ses premières armes en leur compagnie, et l’écoute de ses disques éclectiques. Son objectif était de réussir à percer tous les secrets de l’harmonica et à connecter ses lèvres à son âme, en quelque sorte.
Il se sentait néanmoins un peu déchiré, car il rêvait aussi de devenir un artiste visuel et a mis de nombreuses années à comprendre qu’il pouvait réaliser ses deux rêves. Vivant alors dans un petit village, entouré de son père directeur d’école, d’agriculteurs et de nombreux ouvriers gagnant beaucoup d’argent dans une industrie de pâtes et papier, il a jugé bon de garder ses projets d’avenir secrets pendant des années, afin que les gens ne s’évertuent pas à essayer de l’en décourager. Dans les plaines, personne ne gagnait sa vie avec les arts; on travaillait pour survivre, et l’art n’était qu’un passe-temps. Mais Gérald tenait à devenir un artiste professionnel, peu importe s’il devait vivre dans la pauvreté en conséquence.
Il a aussi eu la surprise de découvrir que les harmonicas professionnels coûtent beaucoup plus que 16 $, et qu’un harmonica ne suffit pas. Il en faut de toutes les tonalités, avec des sons différents, etc. De plus, leurs anches ne durent pas, si bien qu’il arrive parfois qu’un harmonica cesse de fonctionner ou devienne faux en plein concert et doive être remplacé en quelques secondes. Par conséquent, pour ses tournées en solo, il apporte environ 80 harmonicas, ce qui constitue un défi quand vient le moment de traverser les douanes avec tout ce métal!
Pour composer, il se met dans un état de rêve et l’inspiration vient d’elle-même. Il lui arrive de se saisir d’un rythme, de quelques notes, d’images de la nature ou même d’erreurs comme points de départ, puis les idées s’enchaînent et virevoltent dans sa tête. Toujours dans un état de rêve, il joue avec ces idées jusqu’à ce qu’elles se collent harmonieusement les unes aux autres et en viennent à former une pièce. Lorsqu’il sort de cet état, la pièce est construite. Une pièce peut ainsi être créée en une fois ou en un mois.
Les effets sonores et percussifs qui accompagnent sa musique tirent leur origine de ces moments magiques où, à l’âge de 12 ans, il se rendait à une rivière dotée d’un écho incroyable, puisque le son qu’on y projette rebondit à trois reprises. Il y jouait des notes d’harmonica puis se laissait bercer par cet écho extraordinaire, créant de véritables chansons à répondre avec cette rivière enchantée.
Des années plus tard, alors qu’il revenait d’une tournée dans le Nord, la tête pleine d’images et de sons éblouissants de la nature, un de ses amis lui a permis de s’amuser avec sa pédale d’effet « delay », un dispositif bien connu des guitaristes qui permet d’ajouter un écho artificiel à toutes les notes jouées. Il a ainsi pu reproduire un écho identique à celui de la fameuse rivière… Émerveillé, il a commencé à expérimenter, utilisant cet appareil avec de nombreuses sources sonores, notamment des sons d’harmonica et des bruits de respiration, imitant ces sons impressionnants qu’il avait entendus dans le Nord. Il avait soudain accès à un nouvel univers, lequel lui a permis de composer sa première pièce accompagnée d’effets sonores : Le Chasseur.
Il aimait beaucoup cette pièce, mais pensait qu’il serait le seul à l’apprécier. Il a néanmoins voulu l’interpréter lors d’une prestation dans le Nord, puisque c’est le Nord qui la lui avait inspirée. Les membres de ce public parurent étonnés de reconnaître des sons qu’ils connaissaient, mais, fidèles à leurs habitudes, ils réagirent plutôt discrètement. Gérald a donc mis cette pièce sur les tablettes pendant quelque temps.
Plus tard, à l’occasion d’une tournée en Saskatchewan, parce qu’il lui manquait à peu près 10 minutes pour compléter une partie de spectacle, il a décidé de l’ajouter à son programme. Après un silence complet pendant la prestation de cette pièce, celle-ci lui a valu une ovation debout!
Dès lors, cette pièce a toujours produit le même effet. Notamment, lors d’une grosse vitrine en Colombie-Britannique, elle lui a permis de vendre plus de spectacles que tous les autres artistes de la province, même les plus prestigieux! Dès lors, il a compris que cette pièce était un véritable cadeau du ciel, et celle-ci lui a donné le courage de poursuivre dans cette direction. Vous pouvez voir une vidéo de la pièce Le Chasseur en cliquant sur l'image suivante :
Dans le cadre de l’émission de télé Makusham à Moncton, interprétant
Le Chasseur.
Le public ne sait peut-être pas que le premier spectacle rémunéré de Gérald a eu lieu dans un autobus Greyhound! Alors qu’il était jeune, lui et des amis de sa classe se rendaient à Winnipeg en autobus pour voir un spectacle. L’autobus était plein à craquer d’habitants de tous les villages des environs. Ses amis, à force d’insister, ont convaincu Gérald de jouer de l’harmonica dans l’autobus, malgré sa grande timidité d’alors. Tous les occupants de l’autobus adorant ce concert improvisé, un de ses amis a eu l’idée de passer le chapeau, et Gérald a ainsi pu récolter suffisamment d’argent pour payer toutes ses dépenses de la fin de semaine, y compris son billet d’autobus!
Plus tard, il a déménagé à Winnipeg dans le but d’y commencer sa carrière d’artiste. Il y a retrouvé le guitariste David Larocque, un de ses amis de Powerview-Saint-Georges qui avait un petit orchestre membre du 100 Nons, et David l’a invité à jouer au sein de cet orchestre. Un membre du public, après l’avoir vu jouer de l’harmonica au cours d’un spectacle de l’orchestre, l’a invité à se produire à la radio et à la télévision de Radio-Canada en compagnie de musiciens prestigieux. Les choses se sont enchaînées, Radio-Canada l’envoyant même se produire dans des émissions de télévision à Montréal, par exemple, aux Démons du midi.
Il s’est ensuite produit dans le cadre de vitrines¹, ce qui lui a rapidement permis de se faire inviter par un réseau national, et tout ceci a évolué très rapidement jusqu’à sa première tournée en Europe, à 24 ans. Et pourtant, lorsqu’il en est revenu, des gens lui demandaient encore quand il allait se décider à avoir un vrai travail, considérant que tout ceci n’était que des folies de jeunesse!
Une carrière musicale, ce n’est pas de tout repos et ça comporte son lot d’épreuves, mais aussi de grandes joies. Sa carrière lui a notamment permis de faire connaissance avec l’amour de sa vie, Martine Bordeleau, parce que celle-ci avait assisté à l’un de ses spectacles, au foyer de Saint-Boniface, la petite scène du Centre culturel franco-manitobain. Pendant une pause, il a discuté si longtemps avec elle que ses musiciens ont dû le rappeler à l’ordre et même lui lancer du maïs soufflé pour qu’il retourne sur scène! Il a demandé à Martine ce qu’elle faisait dans la vie, et elle lui a répondu qu’il ne regardait vraisemblablement pas la télévision, puisqu’elle animait Le Téléjournal tous les soirs, à 18 h!
Deux de ses spectacles sont restés particulièrement gravés dans sa mémoire : tout d’abord, celui à la Grande Place de Port-au-Prince, en Haïti, parce que le public y était extraordinaire, mais aussi parce que le spectacle fut interrompu brutalement, 10 soldats armés se postant devant lui pour le protéger, sur scène. Il a par la suite appris qu’il y avait des problèmes dans ce pays et que les soldats avaient été avisés qu’il constituait une cible possible!
Sa prestation à Radio-France est également mémorable parce que, deux jours plus tard, on a communiqué avec lui pour lui apprendre qu’il y avait eu 850 000 auditeurs et que depuis sa prestation, le téléphone ne dérougissait plus, le public voulant en savoir plus à son sujet! Peu avant, Jean-Jacques Milteau (le plus grand harmoniciste de France) et Toots Thielemans (le plus grand harmoniciste jazz au monde) s’y étaient produits en duo avec très peu de réactions, tandis que le petit gars du Manitoba déchaînait les foules! Radio-France l’a donc invité à revenir en lui promettant une heure d’antenne et carte blanche!
Au festival Harmonica sur Cher, en France, jouant Blues Moon.
Cliquez sur l'image pour accéder à la vidéo.
Après une carrière aussi remplie, que lui reste-t-il comme rêves à réaliser? Gérald Laroche aspire à se produire dans le cadre d’un spectacle où il pourrait amalgamer arts visuels, contes, théâtre et musique. Ce spectacle pourrait être très simple, mais transporterait néanmoins complètement le public dans des paysages magiques. Avis aux producteurs intéressés par ce projet enlevant!
¹ Pour une définition de « vitrine », cliquez ICI.
Alpha Toshineza
Alpha Toshineza est un artiste aux multiples talents, mais dans cette chronique sur les musiciens manitobains, je ne vous parlerai que du fantastique artiste de hip-hop qu’il est. Je l’ai entendu jouer pour la première fois au Festival St-BoniFest. Comme il s’agissait de la toute première de ce festival et qu’en plus, il pleuvait, le public n’était pas au rendez-vous. Mais moi, j’ai été éblouie par ce que j’ai entendu. Quel immense talent, me suis-je dit, tout le monde DOIT connaître cet artiste! Je suis donc allée le rencontrer, après sa prestation, afin de faire connaissance avec lui et j’ai alors découvert, en plus d’un grand artiste, un grand être humain.
Né au Grand-Duché de Luxembourg, il a émigré à Winnipeg en 2014 et a fondé Sonlight Operations, une maison de disques qui œuvre comme ambassadeur du rap francophone.
Adolescent, c’est avec un camarade de classe qu’il a formé son premier groupe de rap nommé HLM (Homme Libre Menacé). Deux ans plus tard, il s’est joint au collectif hip-hop MQP (Maîtrise Qui Percute). Ensuite, il a déménagé à Bruxelles dans le cadre de ses études supérieures et s’est joint à La Nouvelle Alliance, un collectif de gospel rap avec qui il a enregistré quelques démos. Finalement, il a lancé sa carrière de soliste sous le nom de Gospel Emcee.
Son premier maxi CD Bonne Cause est paru sous étiquette Grand Duchy Grooves et lui a permis de se produire dans des festivals en France, au Benelux et en Allemagne. A suivi la parution de ses albums Operation Sonlight en 2007 et Stéréonucléose en 2013.
Ressentant le besoin de changer d’air, il a quitté l’Europe et s’est installé au Manitoba, où il a rapidement rencontré des artistes avec lesquels il a créé de nouveaux projets. Son premier disque monoplage enregistré au Manitoba est le remix acoustique Dis-moi si tu m’aimes, co-produit par Elessar Thiessen, lequel fut suivi des vidéoclips Yakuza et Tout pour la muzik.
En décembre 2016, son nouvel album Jazz Inuit lui a valu une nomination comme artiste francophone au BreakOut West 2017 ainsi qu’un prix de la SOCAN pour la meilleure chanson au concours Chant’Ouest.
Son nouveau projet Triple A, paru en 2019, comprend des collaborations avec des artistes européens et québécois.
Qu’est-ce qui fait qu’Alpha a appris la musique? Il vient d’une famille de mélomanes, et son amour pour cet art est né de celui qu’il portait aux disques que collectionnait son père. Souvent, son frère et lui passaient leurs après-midi à danser sur les grands succès de la musique populaire française, anglaise, congolaise et afro-américaine.
Pour ce qui est de sa formation générale, il a fait du solfège dans son enfance, mais n’était pas très doué pour maîtriser un instrument. Il avoue même avoir été traumatisé par la clarinette, un instrument qu’on l’a plus ou moins contraint de jouer!
Lorsqu’il a commencé à écouter du rap, il a vraiment eu envie de prendre la plume, et il a alors développé une véritable passion pour l’écriture. Ainsi, à 17 ans, il a monté son premier vrai groupe de rap avec un camarade de classe.
Selon lui, toute musique est en quelque sorte d’ordre métaphysique et donc spirituel, mais il n’a pas toujours abordé des thèmes spirituels dans ses textes. À la base, il se considère plutôt comme un artiste intellectuel qui rappe sur tout ce qui le touche. La dimension spirituelle de son œuvre est venue plus tard, vers la fin de son adolescence, lorsqu’il s’est engagé plus sérieusement dans la foi.
Pourquoi a-t-il choisi le Canada, et plus particulièrement Winnipeg? Depuis l’enfance, il rêvait de partir à l’aventure et de sortir de sa bulle pour explorer d’autres contrées. Il a découvert le Manitoba au travers d’un voyage exploratoire il y a bientôt 10 ans. Il avait des amis à Montréal et à Toronto, mais il voulait vraiment découvrir une province inconnue. Il y a rencontré des gens accueillants et a pris une année sabbatique pour mieux connaître le pays. Voilà maintenant huit ans qu’il vit ici et il ne le regrette pas. Culturellement, socialement et artistiquement, Winnipeg est une ville qui le garde occupé et cela lui convient bien.
Pourquoi a-t-il choisi le nom d’artiste Alpha Toshineza? Alpha, première lettre de l’alphabet grec, équivaut à le première lettre de son prénom légal Alain, tandis que Toshineza est une japonisation de son nom de famille. Bien qu’il n’ait aucun lien avec ce pays, il est un admirateur de la culture japonaise. Il considère que ce nom correspond parfaitement à son esprit d’ouverture et à son affect pour le métissage des cultures.
Il estime que le public manitobain est particulier, car il est probablement le seul rappeur francophone à se produire sur une scène rap majoritairement anglophone. Par conséquent, ce public comprend rarement ses textes, mais adhère au volet musical de son œuvre. Du côté francophone, peu de gens sont familiers avec la culture hip-hop et ses codes. Par conséquent, il s’efforce d’être une porte d’entrée pour ce public à travers des textes plus universels qui leur parlent. En général, il se sent bien reçu, particulièrement par les jeunes, qui sont heureux de découvrir du rap en français.
Il est conscient que certains de ses textes abordent Dieu et que cela peut être un frein pour certains auditeurs. En même temps, il essaie d’être le plus vrai possible dans ses chansons et croit que la majorité des gens ressentent et apprécient cette transparence.
Pour l’instant, il n’a aucun projet musical officiel, mais prend le temps d’écouter beaucoup de musique, de travailler sur des démos et d’écrire de nouvelles chansons. Il avoue cependant que ces deux dernières années ont plutôt été des périodes de vaches maigres, sur le plan de la créativité, mais compte profiter de cet été pour retrouver les studios d’enregistrement.
Mot de la rédaction : C'est avec grand regret que nous vous informons du départ de Carole vers d'autres cieux et un nouvel emploi. Cette nouvelle situation de vie l'oblige à mettre fin à cette chronique. Nous espérons trouver quelqu'un prêt à prendre la relève afin de continuer à présenter les musiciens franco-manitobains aux lecteurs du Nénuphar.