D'enseignante d'anglais à enseignante titulaire
Étant moi-même une immigrée, je connais les difficultés et les obstacles à surmonter lorsque l’on s’établit ailleurs. Dans cette chronique, vous aurez la chance de connaître une partie de l’histoire de quelques immigrants en lien avec leur transition de carrière.
Aujourd’hui, nous nous entretenons avec Christel Dumas Teyssier, enseignante d'anglais en France et maintenant enseignante titulaire en 2ᵉ année au Manitoba.
– Clarissa
Nom
Pays d’origine
Langue maternelle
Autres langues
Profession de départ
Résidence actuelle
Date d’arrivée
Emploi actuel
Christel Dumas Teyssier
France
français
anglais, allemand
enseignante d'anglais
Winnipeg, Manitoba, Canada
août 2016
enseignante de 2ᵉ année
Quel est le niveau de scolarité le plus élevé que vous ayez atteint?
J’ai obtenu deux maîtrises : une en sciences économiques et une en commerce international.
Pourquoi avez-vous décidé de quitter votre pays?
Mon mari et moi voulions de meilleures conditions pour nos enfants, un bon système d’éducation francophone.
Pourquoi avez-vous choisi le Manitoba?
Nous avons préféré une province majoritairement anglophone parce que nous savions y avoir davantage d’opportunités d’emploi… qu’au Québec, par exemple. D’être francophone n’apporte rien de plus que les Québécois, alors que dans tout le reste du Canada, c’est un atout. Et, comme j’ai vécu aux États-Unis, je suis bilingue.
Qu’est-ce que vous aimez le plus ici?
La façon dont les enfants sont accompagnés dans le système scolaire et la façon dont ça respecte un peu plus le rythme de l’enfant, notamment à l’école primaire, ça donne plus de sens à ce qu'on fait dans notre travail d’enseignant.
Dans quelle catégorie se situe votre statut d'emploi actuel?
Il s’agit d’un emploi permanent à temps plein.
Décrivez votre emploi au Manitoba.
Il y a l’enseignement, bien sûr, donc, la transmission des savoirs, la gestion de classe, les réunions, les formations, etc., mais aussi toutes les activités de l’école. Que ce soit pour la journée du chandail rose ou celle du chandail orange, la réconciliation, les sports, tout le monde est impliqué.
Quel est le lien entre votre emploi en France et celui que vous avez maintenant?
À titre professionnel, à titre d’enseignante, je ne fais pas du tout le même travail qu'en France. J’étais professeur d’anglais de six classes de la 6ᵉ à la 9ᵉ année, environ 180 élèves. C’était un gros établissement de 1200 élèves entre 11 et 15 ans. Je ne faisais qu’enseigner l’anglais et je ne voyais pas mes élèves en dehors des cours. Les activités sportives étaient prises en charge par les professeurs d’éducation physique.
Qu’est-ce qui vous a motivé à changer d’emploi?
En étant enseignante titulaire, je participe maintenant pleinement à la vie scolaire des jeunes. Aussi, la façon de fonctionner à la DSFM permet aux enfants de mieux prendre conscience des enjeux. Dans mon établissement en France, par exemple, quand il y avait des activités de prévention comme pour parler de la drogue, la police ou la gendarmerie venait faire une présentation d’une ou deux heures aux élèves de 9e année. Ils aimaient ça, surtout parce qu’ils manquaient des cours… mais c’était comme donner du tout cuit dans le bec, sans que les élèves puissent réfléchir d’eux-mêmes au problème. Ici, si on parle du chandail orange, on va lire des albums, il va y avoir une activité pour toute l’école et on va en parler ensemble.
Êtes-vous au courant des ressources offertes par la province du Manitoba et la ville de Winnipeg aux nouveaux arrivants?
Avant d’arriver, nous avons été suivis par des gens d’Immigrant Centre, entre autres Diane Ingabire qui a fait un excellent travail. Cet organisme offrait des services avant l’arrivée. Nous avons eu ainsi plein d’information sur les garderies, la façon de trouver un docteur de famille, etc. À notre arrivée, c’est un employé de l’Accueil francophone qui est venu nous chercher à l’aéroport pour nous amener à notre logement et pendant les jours qui ont suivi, nous a servi de guide et de chauffeur dans nos démarches pour nous procurer une carte de santé et une carte d’assurance sociale. Il nous a aussi indiqué où nous pouvions obtenir notre permis de conduire. Il y a aussi l’organisme Manitoba Start dont mon mari a utilisé les services pour l’apprentissage de l’anglais.
Comment avez-vous trouvé votre emploi au Manitoba?
À Paris, nous avons participé au programme Destination Canada et rencontré les représentants de la province, dont Madame Brigitte Léger et l’agent d’immigration de l’Accueil francophone. On nous a parlé des professions réglementées, sachant que l’enseignement en faisait partie. À partir de ce moment-là, nous avons fait les démarches nécessaires pour obtenir nos titularisations AVANT d’arriver.
En faisant des recherches sur Internet, j’ai trouvé les offres d’emploi sur le site de la DSFM (Division scolaire franco-manitobaine), j’ai postulé et j’ai eu une rencontre en ligne.
Mot de la fin de Christel
L’important est vraiment de se renseigner avant d'arriver, de faire sa propre recherche. Par exemple, Googler « devenir enseignant au Manitoba » t’amène à la page du ministère qui t’explique tout comment faire. La démarche est longue, oui, elle est complexe, il y a plein de papiers à fournir, c’est de la paperasse et personne n’aime ça, mais si tu veux bien faire, tu dois faire ton devoir.
Entreprendre un processus d’immigration, c’est une grosse décision, mais si tu attends que quelqu'un fasse tout pour toi, ça ne va pas marcher… même si tu réussis à arriver dans le pays, tu ne vas pas t'intégrer, parce que tu vas toujours attendre quelque chose de quelqu'un d'autre.
Si tu sais que ta profession est réglementée, renseigne-toi avant. Si on te dit que tu pourras vivre en français, mais qu’il te faut quand même l'anglais, commence à l’apprendre immédiatement. Ne te dis pas « OK, je peux venir et je verrai sur place. » Non! Quand tu es sur place, c'est plus compliqué.